Présente à notre conférence de presse de lancement de cette campagne, Rachel Boutonnet qui enseigne dans une école primaire de Goussainville, vient de publier son journal.

Dès le premier jour d’IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) il m’est apparu que la seule façon de tenir dans ce cauchemar d’ennui était d’écrire un journal et de recueillir, dans le dessein d’en témoigner un jour, les propos de mes formateurs. Par la suite, mes trois ans d’expérience professionnelle m’ont permis de confirmer mes intuitions et d’approfondir mes réflexions. Je suis donc aujourd’hui deux fois plus persuadée de la fausseté des dogmes professés à l’IUFM. Trois ans après, il me semble terriblement d’actualité de témoigner de la façon dont les maîtres ne sont pas formés.

Je suis une jeune institutrice : ma troisième année d’enseignement vient de se boucler. Je sais, le terme de  » clandestine  » peut faire sourire. Pourtant, j’insiste. J’efface soigneusement le tableau quand je quitte ma classe pour qu’on ne voie pas trace de mon travail, je fais recouvrir de papier kraft les manuels avec lesquels mes élèves apprennent à lire – et que j’ai achetés sur mes deniers. Je tais soigneusement mes convictions et beaucoup de mes méthodes. Elles n’ont pas l’aire de plaire à certains de mes collègues et, en tout cas, elles répugnent franchement aux membres de l’inspection.

En fait, dès mon entrée à l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), j’ai presque aussitôt compris que je n’avais rien à en attendre. Nous avons passé en tout et pour tout six heures sur l’année à l’enseignement de la lecture et de l’écriture ! Le credo des formateurs se résumait à :  » Le maître ne doit pas être un reférent pour l’apprenant [l’enfant]. »

J’ai donc résolu de me comporter en reporter clandestin. De septembre à janvier j’ai tenu un journal tous les soirs, pour résumer mes journées et mes impressions.
Quand l’année s’est achevée, j’étais épuisée, je ne me sentais pas du tout formée au métier mais j’étais au moins indemne moralement.

J’applique aujourd’hui des méthodes pédagogiques auxquelles j’ai longuement réfléchi, qui sont aussi précisément celles que l’IUFM voue aux gémonies, mais je vois mes élèves apprendre et en être fiers.

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