Je suis instituteur depuis vingt-trois ans.

Je suis instituteur depuis vingt-trois ans. Et ce que je fais, et qu’on me demande de faire via les IO, l’inspection, etc., m’oblige à baisser le niveau.
Par exemple, en conjugaison, je travaillais en CM2 sur tous les temps de l’indicatif et le présent de l’impératif, du subjonctif et du conditionnel, et les élèves devaient connaître ces temps-là. Les temps qui restaient étaient évoqués et on ne nous en voulait pas si leur maîtrise n’était pas assurée. Aujourd’hui, toujours en CM2, on me demande simplement la maîtrise de cinq temps de l’indicatif (présent, futur , imparfait, passé simple et passé composé) et du présent de l’impératif. Le plus-que-parfait de l’indicatif, le présent du subjonctif et celui conditionnel sont "en cours d’acquisition".
Et tout est semblable pour les disciplines d’étude de la langue. Pour ce qui concerne "Lire et écrire", si je constate une baisse de niveau, c’est parce que les élèves comprennent beaucoup moins bien les textes et que les textes qu’ils écrivent ont une syntaxe et un vocabulaire très pauvres.
En CM2, il est même très difficile à certains d’entre eux (20 à 25 %) d’arrêter une phrase correctement. Mais là encore les livres que je peux utiliser n’offrent que des textes bien plus pauvres qu’auparavant : c’est la "littérature jeunesse", "niaiseuse" comme cela a été dénoncé récemment sur cette liste, et bien-pensante, qui domine l’ensemble des ouvrages.
Il y a quelques années, j’avais des livres de lecture avec des extraits de Colette, Romain Rolland, Kessel, Tchekhov, Hugo, Claudel, Schiller, Balzac, Mme de Sévigné, Mauriac, Genevoix, sans oublier bien sûr Pagnol et Pergault; et j’en passe. On faisait notre cuisine avec des ingrédients de haut niveau et on avait l’impression que ça nous tenait au corps . Pour filer la métaphore, je cite Jean-Pierre Coffe "Si on cuisine avec de la merde, on bouffera de la merde" …
Mais je ne veux pas rester sur une nostalgie passéiste, car je suis bien content d’utiliser des produits nouveaux : la phonétique (quel bonheur pour l’orthographe !), les reprises anaphoriques ou les progressions thématiques qui me permettent d’aider un élève en panne.

Extrait d’une liste d’échanges sur Internet

Pour rester informé, je m'abonne à la lettre

(Visited 1 times, 1 visits today)

Pin It on Pinterest