Voir notre analyse détaillée du rapport dans la rubrique :
Dossiers/Refondation de l’école

Le président de Lire Écrire, Gilbert Sibieude, ne cesse de le dire depuis 2001, année de la création de l’association Lire-Ecrire. L’ouvrage collectif « La débâcle de l’école – une tragédie incomprise », publié à la suite du colloque de Lire Écrire « La finalité de l’école » organisé en 2006, dressait d’une manière magistrale les raisons et les conséquences d’une école primaire à la dérive, gangrénée de l’intérieur. Affichant une indifférence, voire une hostilité, les médias d’alors n’y voyaient qu’exagération et dramaturgie.

Nous ne pouvons donc que nous réjouir de voir l’institut Montaigne, constitué de nombreuses personnalités dignes de foi, soutenu par le fleuron de l’industrie française, reprendre tous les éléments qui montrent l’ampleur du désastre.

20% d’élèves en grand échec à la fin de l’école primaire qui seront, à peu de choses près, les mêmes qui quitteront le système éducatif 4 ans plus tard sans qualification.

« Sur les 6 643 592 écoliers recensés en 2009, 40 % ne possèdent pas les acquis censés être maîtrisés à la fin de l’école primaire. »

L’échec considérable dans les milieux populaires en comparaison des milieux aisés n’est pas omis par le rapport qui y voit un dysfonctionnement majeur et préoccupant de l’école primaire.

Mais, c’est en écrivant qu’ « un enfant entre 5 et 10 ans ne porte pas la responsabilité de son échec à l’école ! » que l’institut Montaigne porte l’estocade. Le sujet tabou, l’effet maître, est ainsi présenté et démontré, preuves à l’appui. Si l’école primaire produit autant d’échecs, c’est surtout parce que l’Éducation Nationale ne recrute pas les meilleurs enseignants, ne forme pas bien ses maîtres, est incapable de les évaluer et applique des méthodes de management antédiluviennes.

La charge est lourde, mais juste, contre un système éducatif incapable de réagir à une aggravation de l’échec depuis plus de 15 ans. La description des dysfonctionnements est tellement convaincante que l’on en vient à trouver normal que cette école puisse créer autant d’échec. En revanche, le rapport reste discret sur les théories pédagogiques qui ont fait tant de mal à l’école en empêchant la transmission des savoirs : elles apparaissent en creux en de nombreux endroits.

A ce sujet, nous soulignons ce passage important du rapport :

« La démarche d’enseignement utilisée produit également des effets : « une démarche très structurée, fortement guidée par l’enseignant, où la notion à enseigner est clairement explicitée, où l’on procède par petites étapes selon un rythme de leçon soutenu en s’assurant à chaque nouvelle étape que les étapes sont maîtrisées » est bénéfique pour les élèves. De nombreux travaux, essentiellement anglo-saxons, ont montré l’efficacité de cette démarche (appelée « enseignement direct » ou « enseignement explicite ») en lecture, mathématiques et notamment pour les élèves en difficulté.

Le comportement et les exigences de l’enseignant bénéficient aussi à l’efficacité de son enseignement et donc à la progression des élèves. Cet « effet Pygmalion » postule que « les attentes des enseignants peuvent fonctionner comme des prophéties autoréalisatrices : elles sont susceptibles d’influencer les performances des élèves ». Plus un enseignant aura des exigences élevées vis-à-vis de ses élèves, plus ces derniers obtiendront de bons résultats. Un enseignant exigeant et qui communique sur ses attentes offre « un contenu plus riche, plus ambitieux aux élèves », et les persuadera « qu’ils sont capables de réussir. »

Après avoir dressé un constat sans complaisance, l’institut Montaigne fait plusieurs propositions. Nous trouvons beaucoup de similitudes avec ce que nous avons nous-mêmes évoqués ces dernières années. Nous en ferons une analyse détaillée dans un prochain document.

Le sujet est ouvert. Espérons qu’il ne se refermera pas avant que l’école primaire n’ait retrouvé un niveau et une ambition digne de notre pays, pour le plus grand bonheur des écoliers.

L’Institut Montaigne est un laboratoire d’idées créé fin 2000 par Claude Bébéar. Il est dépourvu de toute attache partisane et ses financements exclusivement privés, sont très diversifiés, aucune contribution n’excédant 2 % de son budget annuel. En toute indépendance, il réunit des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile issus des horizons et des expériences les plus variés.

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