Histoire et géographie

A juste titre, le projet insiste sur la nécessité de mener les deux enseignements en parallèle. Outre que souvent la géographie peut expliquer l’histoire, tous les faits historiques sont localisés, et leur enseignement peut favoriser la connaissance de la géographie. Inversement les faits géographiques ont souvent une histoire, géologique, physique, économique, sociale ou politique.
Le travail sur le temps et l’espace commence progressivement du CP au CE1. À partir du CE2, l’enseignement aborde l’approche méthodique des deux disciplines.
Le projet de programme définit assez bien l’objectif : "… Étudier le temps long et l’espace géographique terrestre à partir de quelques événements, personnages et modes de vie caractéristique de l’histoire de France et du monde occidental et à travers quelques milieux géographiques caractéristiques".
Le projet laisse aux instituteurs le choix des événements et des lieux. Cela se conçoit pour les enseignants qui souhaitent exploiter les ressources historiques ou géographiques présentes dans la région où se situe leur école, nonobstant les impératifs emphatiques qui émaillent les projets
"Questionner l’espace et le temps"
"Penser la planète"
"Rencontrer différents paysages emblématiques".
Histoire Cycle 3
Le projet propose (impose) 9 thèmes ou repères à raison de 3 par classe
En CM1 et CM2, cinq des thèmes sont dans l’ordre chronologique.
Un thème "l’âge industriel en France" propose un choix de sujets d’études à partir desquels l’enseignant doit montrer les nouveaux modes et lieux de production.  
Il aurait été plus judicieux de choisir pour thème un repère chronologique supplémentaire, et d’attacher à chaque thème un volet de l’histoire des techniques.
On note que le second des 9 thèmes (en CM1) porte sur Charlemagne et sur les vagues migratoires du Vème au Xe siècle. Il est intitulé "la France d’avant la France" ce dont on peut déduire que l’origine de la France a pour repère Hugues Capet.
Le sixième des 9 thèmes (CM2) est intitulé "la France, des guerres mondiales à l’Union Européenne", soit les 100 dernières années.
À ce propos, nous regrettons que ne soit pas tracée une limite franche entre le temps historisé, jusqu’en 1930, et le temps récent. Le temps historisé fait l’objet d’un consensus suffisant pour que les enseignants aient conscience de transmettre un savoir raisonnablement objectif.
Sur le temps récent, les historiens sont loin d’avoir établi un tel consensus. Et surtout, ce temps a laissé de fortes impressions dans la mémoire familiale de beaucoup d’élèves et de leurs parents. Il importe donc, à notre sens, que l’enseignement primaire se limite aux faits incontestables, et n’entre surtout pas dans l’exposé des causes possibles de ces faits. 
De façon surprenante, puisque CM1 CM2 et 6ème sont présentés comme faisant partie d’un même cycle, les trois thèmes de la 6ème rompent avec la chronologie, puisqu’ils concernent l’Antiquité.
Cette bizarrerie n’est pas expliquée.
Géographie Cycle 3.
Si le projet d’histoire a un rapport avec ce qui était naguère communément considéré comme l’enseignement de l’histoire, le projet de géographie est en totale rupture avec l’enseignement passé. 
On n’y trouve aucune référence à la géographie de la France, avec ses mers, ses montagnes, ses rivières, ses villes, ses paysages.
Car le but n’est pas d’enseigner des faits géographiques, mais "de faire comprendre aux élèves l’impératif d’un développement "soutenable" de l’habitation humaine de la terre".
À des élèves qui ignorent largement le passé et le présent "il est important d’apprendre… à inscrire leur réflexion dans un temps long"…
Les 9 thèmes sont centrés sur la notion d’habiter, chaque thème étant centré sur les modes de vie dans divers lieux considérés comme typiques.
Exemples :
CM1 thème 3   Consommer en France
CM2 thème 3   Mieux habiter: cohabiter avec la "nature" en ville, recycler, habiter un éco quartier.
6ème   thème 4   Habiter le monde
L’élève géographe et historien.
A ces 9 thèmes d’histoire et 10 thèmes de géographie pour le cycle 3, s’ajoutent des sections étonnantes, qui prouvent que, dans l’esprit des auteurs, les connaissances des élèves dans les deux disciplines sont secondaires. Ils sont censés acquérir bien d’autres "compétences" :
• Comprendre un document
"apprendre à identifier un document et à connaître les raisons pour lesquelles il doit être identifié"
"apprendre à questionner l’implicite du document"
A ce qu’on demande aux élèves, combien de maîtres… ?
• S’informer dans le monde du numérique
"… Vérifier l’origine des informations et leur pertinence"
• Raisonner
"Poser des questions, se poser des questions, émettre des hypothèses, vérifier, justifier".
• Pratiquer différents langages en histoire et géographie
"En histoire et géographie, produire à l’écrit et à l’oral pour élaborer un récit, exprimer ce qui a été retenu et compris".
• Coopérer et mutualiser
"… Organiser son travail dans le cadre d’un groupe. Apprendre à élaborer des outils numériques qui peuvent conduire à des réalisations collectives"
On est là en plein constructivisme, dévoreur de temps. Gageons que quelques maîtres hérétiques préféreront employer le temps disponible pour armer leurs élèves de connaissances restreintes, mais solides, en histoire et géographie de la France.

                                                                                        Suite

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