Son programme est téléchargeable ici
Le programme se limite à 2 pages assez serrées ; on note un certain recul par rapport à celui de la primaire, que nous avons commenté en détail.
Ce programme reste néanmoins, et de loin, l’un des plus complets
Les objectifs de l’enseignement.
Proposition 11 » Je veux une école de l’excellence pour tous. L’éducation est une priorité pour remettre la France debout. Notre école est la condition de l’unité nationale et républicaine. Elle doit s’attacher en premier lieu à transmettre les savoirs fondamentaux : le français, les mathématiques et l’histoire-géographie doivent constituer un socle de connaissances pour tous. Donner aux jeunes Français une culture commune est une nécessité pour restaurer un lien social solide et refonder un réel sentiment d’appartenance au pays. »
L’excellence est possible dans toutes les activités humaines : c’est le cas, notamment dans notre artisanat. L’instruction obligatoire ne devrait pas se limiter aux disciplines académiques.
Cependant il est sûr qu’un certain niveau de culture est un atout dans la compétition internationale. Comme le dit le candidat, c’est nécessaire pour développer le sentiment d’appartenance à la collectivité nationale.
Nous regrettons la mention du socle commun, pour les raisons déjà amplement développées dans notre site. François Fillon devrait oublier la Loi Fillon, occasion manquée de revenir, 16 ans après, sur la catastrophique Loi Jospin.
Proposition 12 « Établir des programmes garantissant l’apprentissage des fondamentaux pour l’ensemble des élèves. »
Par nature, les programmes ne garantissent rien, et surtout rien « pour tous« .
La question, restée sans réponse, est de caractériser ce qui, dans un enseignement rénové, relèverait des « connaissances pour tous ».
Proposition 13 » Restituer à l’école maternelle son rôle de préparation à l’apprentissage de la lecture en lui donnant comme priorité l’acquisition du vocabulaire. »
Pour nous, la priorité – depuis la crèche – est d’apprendre à tous les enfants à comprendre le français oral et à s’exprimer correctement à l’oral. Et l’acquisition progressive du vocabulaire oral en est le corollaire. Cela s’étend évidemment à l’ensemble de la scolarité.
Quant à l’approche de la lecture et de l’écriture, eile devrait être obligatoire en Grande Section de Maternelle.
Proposition 14 « Commencer la scolarité obligatoire à cinq ans de sorte que l’apprentissage de la lecture, avec des méthodes efficaces, débute plus tôt, et concentrer l’enseignement élémentaire sur le socle de connaissances (lecture, calcul, écriture, grandes dates et grands personnages de l’histoire de la Nation, géographie de la France). »
François Fillon est le seul à mentionner l’exigence de pratiques pédagogiques efficaces.
En fait, en vertu de l’adage des médecins « d’abord ne pas nuire », il faut commencer par l’interdiction des méthodes dans la nocivité est largement démontrée, tout en laissant le champ libre pour l’innovation dans les pratiques pédagogiques.
Proposition 15 « Laisser les collectivités territoriales décider de l’organisation du temps scolaire à l’école primaire. A ce titre, elles pourront revenir sur la réforme des rythmes scolaires et favoriser un temps pour les devoirs après la classe. »
Cela devrait se faire à l’initiative des directeurs d’écoles et des chefs d’établissement responsables
Proposition 16 « Abroger la réforme du collège et revoir les programmes en les structurant autour de deux volets pédagogiques : 1. approfondissement des fondamentaux (français et mathématiques, sciences et histoire-géographie); 2. éducation physique et sportive et ouverture au monde (langues, éducation civique, numérique, enseignements artistiques, découverte professionnelle). »
La priorité est de créer des parcours différenciés selon les capacités et motivations des élèves.
En ce sens, l’approfondissement des fondamentaux ne serait imposé que jusqu’au minimum commun, non défini à ce jour.
Le reste ferait l’objet d’options, à l’exception de la gymnastique, éventuellement corrective, qui est un pilier du développement physique harmonieux (le sport est autre chose) ; elle doit être obligatoire.
Proposition 17 « Réécrire les programmes d’histoire et de français du collège sous l’autorité d’académiciens, autoriser la création de classes bilingues et de sections européennes dans toutes les académies, conforter l’enseignement de l’allemand et rétablir les enseignements de latin et de grec. »
Oui.
Proposition 18 « Recentrer l’enseignement de technologie autour de la culture numérique et de l’apprentissage de la programmation informatique, de l’algorithmique et des usages numériques. »
Nous supposons qu’il s’agit toujours du collège.
À notre avis, il vaudrait mieux laisser de côté la « culture numérique », expression grandiloquente et vague.
Une option de programmation et d’algorithmique paraît souhaitable, mais cela ne saurait résumer l’apprentissage de la technologie.
Proposition 19 « Revaloriser le baccalauréat en réduisant à 4 le nombre d’épreuves et en renforçant les exigences de chacune d’entre elles pour permettre la réussite dans l’enseignement supérieur : une épreuve de français en première et trois épreuves en terminale choisies parmi les matières dominantes de la série. Les disciplines ne faisant pas l’objet d’épreuve seront notées dans le cadre du contrôle continu. En outre, les examens du baccalauréat seront programmés début juillet pour rendre chaque année aux élèves un mois de temps d’enseignement auquel ils ont droit. »
Si le bacc doit permettre la réussite dans un enseignement supérieur (qu’on suppose fortement revalorisé lui-même au niveau de la Licence) c’est un objectif louable.
Mais dans cette hypothèse, il semble très prématuré de décider de ce que pourrait être le bacc au terme d’une longue période de remise à niveau de notre système d’enseignement à partir du CP.
2 – Structures et organisation
Proposition 21 « Protéger la liberté des parents de choisir d’inscrire leurs enfants dans l’enseignement public ou dans l’enseignement privé. »
On peut penser que cela impose d’abord la liberté d’établissement, la suppression du pseudo quota de 20 %. Cela suppose aussi, à résultat égal dans des environnements sociaux semblables, que le financement par élève fourni par l’État soit du même niveau, et donc la disparition du statut des « sous contrat » et son remplacement par un contrôle objectif des résultats des établissements publics comme privés ; donc contrôle indépendant de l’Education nationale.
Proposition 22 « Confier progressivement aux chefs d’établissement du second degré la possibilité de recruter les professeurs et personnels de l’établissement. »
On pourrait en effet difficilement qualifier d’autonome un Chef d’établissement qui n’aurait pas la possibilité de choisir les enseignants les plus aptes à faire progresser l’établissement dans l’orientation choisie.
« Progressivement » est une évidence : les délégations ne pourraient être attribuées qu’à des personnes volontaires, conscientes de l’importance de leur charge et capables d’assumer ces responsabilités.
Proposition 23 « Laisser chaque établissement choisir son dispositif d’accompagnement des élèves (programmes d’aides, travaux interdisciplinaires). »
C’est bien le moins, avec ou sans autonomie majeure.
« Donner des outils d’autoévaluation et évaluer régulièrement les établissements. »
L’ambiguïté du terme « évaluations » permet toutes sortes d’interprétations. Ici, l’autoévaluation est-elle faite par chaque enseignant ? Qui évaluera les établissements ? Que se passera-t-il si l’autoévaluation de l’établissement est en contradiction avec les « évaluations régulières » ?
Tout cela n’a qu’un but, ne pas parler d’examen, naturellement de conception nationale et d’exécution locale, car le terme « examen » fait peur aux parents et sans doute aux enseignants les moins performants (voir à ce sujet, le sabotage, en 2008, des épreuves CE1 et CM2 instituées par X.Darcos.
Dans le primaire, on pourrait imaginer que les IEN passent chaque année dans toutes les écoles de leur circonscription pour y superviser des épreuves nationales. Ce seraient alors des examens.
Proposition 24 « Maintenir la responsabilité de l’Etat pour la définition des principes, des programmes et du niveau exigé des professeurs, pour l’organisation des examens nationaux et le contrôle du respect des règles de la République. »
Questions :
– Le respect des règles de la République, sauf erreur, s’impose à tous, et pas seulement à l’enseignement, et naturellement l’État doit en assurer le contrôle. Cela n’a rien de spécifique.
– l’État peut-il être représenté par l’Education nationale, notamment dans les établissements privés ?
Proposition 25 « Réaffirmer le sens de l’effort et le respect de l’autorité »
« Instituer une tenue vestimentaire spécifique à l’établissement pour les élèves de l’école et du collège. »
Il s’agit toujours du secteur public. Il serait bon aussi de préciser le minimum de tenue vestimentaire des enseignants.
« Instaurer une évaluation du comportement de l’élève au collège afin de prendre en compte l’assiduité en classe, le respect des règles de l’établissement, le respect des autres et d’abord des professeurs et éducateurs, la politesse, l’attention aux élèves malades ou handicapés, la prise de responsabilité. »
La rédaction de cet article semble vouloir « évaluer » (encore !) les bons comportements, dont l’appréciation est très subjective. s’agissant d’adolescents naturellement contestataires Il vaudrait mieux non pas évaluer mais enregistrer les manquements aux règles banales du respect et au règlement intérieur, manquements dont l’accumulation entraînerait l’exclusion et le placement dans des établissements spécialisés.
Proposition 26 – » Débureaucratiser l’Éducation nationale »
Vaste programme !
« Supprimer le Conseil supérieur des programmes dont les choix et le langage jargonnant ne contribuent pas au redressement de notre système éducatif. »
Et bien d’autres !
« Réduire drastiquement le nombre des circulaires et instructions ministérielles et académiques. »
La dé-bureaucratisation se fera naturellement, au rythme de la mise en place de l’autonomie réelle des établissements. Un établissement autonome doit pouvoir prendre la liberté de déclarer une directive , inopportune, inapplicable, inutile.
La superstructure ne doit pas apporter des contraintes, mais des services et des conseils utiles à tout ou partie des établissements.
Proposition 27 « Accroître l’offre éducative dans les zones de revitalisation rurale et les zones urbaines sensibles en soutenant la création d’établissements publics ou privés innovants. »
Le terme « innovant » est ambigu. On peut innover en tout, mais beaucoup d’innovations nécessaires consisteront à revenir à des pratiques éprouvées.
Proposition 28 « Revaloriser l’enseignement professionnel et faire de l’apprentissage une priorité »
« Faire de l’enseignement professionnel une vraie voie d’excellence confiée aux régions. Conserver le caractère national des diplômes mais autoriser les régions à faire des adaptations en fonction des besoins locaux. »
« Engager une mobilisation nationale des parents, des entreprises, des professeurs, des conseillers d’orientation et des régions pour revaloriser et développer l’apprentissage dès l’âge de 15 ans. »
Pourquoi pas 14 ans, comme cela a été institué (brièvement) dans le passé ?
Proposition 29 « Renforcer la formation, la rémunération et la présence des enseignants dans l’établissement »
« Mettre au premier rang des objectifs des services académiques la définition et la mise en oeuvre d’une véritable politique de ressources humaines et assurer aux professeurs le soutien de leur hiérarchie tant dans leur mission d’enseignement que dans celle d’encadrement des élèves. »
« Revaloriser les traitements des enseignants, en maîtrisant les effectifs et en développant une part « mérite » dans la rémunération, et accroître les possibilités de promotion accélérée pour les professeurs enseignant une seconde discipline ou leur discipline en langue étrangère ou acceptant d’enseigner dans des établissements difficiles. »
Le terme « ressources humaines » n’est pas compatible avec la bureaucratisation de la hiérarchie et avec les statuts des enseignants ; une vraie gestion des ressources humaines suppose la liberté d’action maximale dans l’intérêt des personnes et de la collectivité.
Dans une Education nationale entièrement rénovée, où les établissements auraient une vraie « autonomie », l’essentiel des relations humaines se situerait au niveau des établissements. Une DRH nationale définirait des principes généraux et n’interviendrait que sur des problèmes de carrière ayant un caractère exceptionnel.
Proposition 30 « Augmenter progressivement le temps de présence des enseignants du second degré dans l’établissement afin de rendre effectif l’accompagnement personnalisé sans changer le nombre d’heures de cours devant élèves. »
Cela implique que chaque enseignant ait accès à un local lui permettant de travailler et de rencontrer élèves et parents.
Le temps de présence des enseignants pourrait être assuré par roulement, en commençant par les volontaires.
Le tableau de présence pourrait respecter deux principes :
– tant qu’il y a des élèves dans l’établissement, notamment pour les activités extra-disciplinaires, un enseignant doit être présent et s’intéresser à ce que font les élèves.
– chaque enseignant doit assurer une journée complète de présence tous les …
Proposition 31 « Redonner aux parents confiance dans l’école »
« Protéger la liberté des parents de choisir d’inscrire leurs enfants dans l’enseignement public ou dans l’enseignement privé. »
« Renforcer le dialogue parents-professeurs sur le suivi des résultats des élèves, le calendrier des contrôles en classe ainsi que les sorties scolaires. Généraliser les outils numériques de partage d’information entre les élèves, les parents et les enseignants (espace numérique de travail). Présenter les résultats de toute évaluation de l’établissement aux parents. »
Il est essentiel de restaurer un dialogue confiant entre un (ou deux) parent et un enseignant, dialogue centré sur le seul intérêt de l’élève. Cela suppose que les enseignants acceptent de parler de leur métier avec les parents, et que les parents acceptent les conseils des enseignants.
Proposition 32 « Assurer à tous les élèves en situation de handicap les conditions de travail et d’apprentissage adaptées dans le premier degré, puis tout au long de leur scolarité. »