Il est un temps où l’école primaire avait pour mission d’organiser les apprentissages fondamentaux lire, écrire, compter. Les autres enseignements étaient considérés comme secondaires. L’essentiel était de donner aux enfants les moyens de penser par eux-mêmes, en développant leur maîtrise de la langue et du calcul.

Il n’y a pas très longtemps, un nouvel apprentissage dit fondamental a fait son apparition : « respecter autrui ». Il est assez simple de définir ce qu’est lire, écrire et compter. « Respecter autrui » est une notion beaucoup plus subjective. Doit-elle faire l’objet d’évaluations ? Qui en jugera ? L’école a-t-elle vraiment le pouvoir d’agir sur une telle qualité de l’âme ?

Probablement mais indirectement comme l’exprime de manière juste le philosophe François-Xavier Bellamy :

« L’école peut aider chacun à se construire dans le respect d’autrui et la connaissance de soi, mais elle le fera par le moyen qui lui est propre : la transmission du savoir. De la déconstruction de la culture, nous ne pouvons attendre que plus de violence et d’exclusion. »

Cette phrase résonne d’une façon toute particulière après l’attentat contre le professeur Samuel Paty qui avait montré les caricatures de Mahomet aux élèves. Derrière cet événement monstrueux, il y a l’échec d’une école de la République qui croit pouvoir éduquer au « respect d’autrui » et qui bien souvent, par son relativisme, sa déconstruction de la culture, sa repentance, etc. suscite une violence qu’elle est censée prévenir.

Plusieurs ouvrages ou conférences ont montré les mécanismes qui font de l’Éducation Nationale un creuset de la violence. Montrer les caricatures de Mahomet n’a aucun sens pédagogique. On peut partager une réflexion sur la liberté d’expression sans avoir besoin de provoquer. On peut évoquer les événements de Charlie, en en soulignant l’horreur, sans avoir besoin de montrer les caricatures qui ont déjà fait couler tant de sang.

On peut surtout s’appuyer sur les trésors de la littérature française pour faire grandir la liberté d’expression, comme étant la possibilité d’exprimer et défendre une pensée originale et différente. C’est en transmettant une culture humaniste que l’on peut faire des élèves des être humains prêts à tout pour défendre la liberté de l’autre. Cette liberté n’est pas violence lorsqu’elle s’exprime dans le respect qui est du à l’autre.

Les programmes scolaires proposent une étude partielle de l’histoire, généralement à charge contre la France, qui ne sert ni l’intégration, ni la paix. Des heures de vie de classe dépensées à expliquer aux élèves ce qu’ils doivent penser sur tel ou tel sujet ne servent pas la liberté d’expression. Seule la grande Littérature ou la grande Histoire, éloignées de nos problématiques contemporaines, peuvent humaniser nos élèves.

Il y a urgence à ce que l’Éducation Nationale se recentre sur sa mission d’instruction.

Il y a aussi urgence à ce qu’elle fasse à nouveau confiance aux familles.

L’attentat contre l’enseignant n’a pas été perpétré par le père d’un élève qui avait suivi l’enseignement du professeur. Des plaintes ont été faites à l’établissement. Les familles ont été entendues. Tout aurait pu s’arrêter là, sans un Iman fiché S et un décervelé de 18 ans.

Alors, faut-il expliquer aux familles que « l’école de la République n’est pas au service des familles » comme l’exprime Philippe Mérieu aujourd’hui ? Faut-il jouer l’école contre la famille, et pour cela, supprimer l’instruction à domicile, comme l’a décidé Emmanuel Macron ? Est-ce cela l’école de la confiance dont parle Jean-Michel Blanquer ? En jouant contre la famille, l’Éducation Nationale produit des déracinés qui se raccrochent à des idéologies pires que le mal qu’elle était censée combattre.

A vouloir lutter contre le supposé obscurantisme transmis par les familles, l’Éducation Nationale se trompe de voie. Non seulement, elle échoue dans son projet, mais surtout, elle attise les divisions. Qu’elle revienne aux fondamentaux : la transmission de la culture française, une culture qui a fait ce qu’est la France, qu’elle devrait assumer et parfois même défendre.

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