Son programme est téléchargeable ici.

 Le programme comporte 105 propositions, chacune rédigée en 2 ou 3 phrases.

Les propositions concernant l’enseignement primaire et secondaire.

Sur les 105 propositions, 11 sont consacrées à l’enseignement obligatoire, dont 8 dans le chapitre  « Les mêmes chances pour tous les enfants ».

Proposition (1). La plus importante ne figure pourtant pas dans ce chapitre, mais dans l’introduction : « Remettre la transmission des savoirs fondamentaux, de notre culture et de nos valeurs au cœur du projet de nos écoles et universités ».
Le candidat assemble ici des notions largement indépendantes :
– la transmission du savoir et la culture sont indissociables
– les valeurs sont autre chose, dont la définition n’est pas toujours évidente.
Ce point n’est pas indifférent, quand on sait le temps consacré par l’Education nationale aux  « valeurs », au détriment des savoirs. Une des premières décisions devrait être de doubler le temps effectivement consacré à la transmission des savoirs..
Proclamer l’importance de la transmission des savoirs est une excellente chose, mais le programme d’Emmanuel Macron ne donne pas la moindre réponse aux questions : Comment ? Quand ?
Cet objectif ne sera certainement pas atteint en un quinquennat, parce que la priorité est la formation et le perfectionnement dans les disciplines académiques d’innombrables enseignants.

8 propositions sont groupées dans le chapitre « Les mêmes chances pour tous les enfants. »
L’introduction de ce chapitre avance une affirmation discutable : « Remettre (tous les enfants) sur la même ligne de départ, à chaque étape importante de la vie » (ensuite il est dit que tous ne termineront par la course, et que, pour les participants, il y aura un ordre d’arrivée).
La même ligne de départ, nous connaissons : c’est l’examen, le concours rigoureux et impartial. La question n’est pas là. Elle est d’aider ceux qui, au départ dans la vie, ont un handicap culturel. C’est, avant la course, la question des entraîneurs, et de la limite maximale qui nécessairement sera mise au service rendu par l’entraîneur, à un enfant à un adolescent.
Le « Pôle idées » d’Emmanuel Macron a-t-il réfléchi à ces questions cruciales ?

Proposition (2). « Nous donnerons la priorité à l’école primaire pour que tous les élèves sachent lire, écrire, et compter à l’entrée en 6ème« .
« Lire, écrire et compter » est une formulation populaire, qui a l’avantage (quant aux électeurs) d’obtenir un accord quasiment unanime et l’inconvénient (du point de vue de la France) que chacun y met ce qu’il veut.
Aucune mention du CP, dont le rôle est pourtant essentiel.

Proposition (3). Nous donnerons plus d’autonomie aux équipes éducatives. Elles seront suivies et évaluées. La formation des enseignants sera adaptée à ce cadre.
Il est donc bien question de former les enseignants ! « Équipe éducative » est une expression choisie par l’Education nationale pour éviter de parler de l’établissement et surtout du Chef d’établissement.
Or, qu’il s’agisse de sport, de musique ou d’enseignement, il ne peut y avoir d’équipe sans chef. L’autonomie de l’établissement n’est pas autre chose que l’ensemble des délégations conférées au chef d’établissement.

Proposition (4). Nous interdirons l’usage des téléphones portables dans l’enceinte des écoles primaires et des collèges.
Au téléphone portable, on peut ajouter tous les gadgets numériques existants ou à venir.
L’administration de l’Education nationale est tout à fait capable d’interdire – sur le papier. Mais, une fois l’interdiction parfaite sur le papier, qui pourra la faire appliquer, sinon le Chef d’établissement ? Qui devra affronter certains parents, combattre le laxisme de certains enseignants ?

Proposition (5) Nous limiterons à 12 par enseignant la taille des 12 000 classes de CP et CE1 en zones prioritaires. Ces enseignants recevront une prime annuelle de 3000 € nets. Et ils seront plus expérimentés ; d’ici 2022, ceux affectés aux zones prioritaires auront au moins 3 ans d’ancienneté.
Nous sommes évidemment d’accord sur le fait que la dépense la plus rentable est celle qui porte sur les élèves débutants. La Maternelle est oubliée par notre candidat.
De plus, le couplage essentiel n’est pas CP-CE1 mais GS-CP. S’il fonctionnait efficacement, il n’y aurait plus de problèmes en CE1 (ni en 6ème).
La limite de 12 élèves par enseignant est typiquement une vision bureaucratique – de même que la limitation aux zones prioritaires.
Pour « Mettre le paquet » sur les Grandes Sections et le CP, il faut sans doute créer des postes supplémentaires.
Ensuite, tout dépend des niveaux des élèves. Certains auront besoin de travailler en petits groupes, d’autres seraient à l’aise dans des classes de 25 élèves suffisamment homogènes.
Qui donc doit s’occuper des affectations des enseignants supplémentaires ? Pour des établissements vraiment autonomes, la réponse est claire : c’est le Chef d’établissement, qui doit fixer l’effectif des classes selon le niveau des élèves.
La voie a déjà été ouverte par la création, dans les établissements en REP+, d’un poste supplémentaire par rapport au nombre de classes.
L’augmentation du nombre de postes sera peu efficace si l’on ne change pas la façon d’enseigner en GS et CP en interdisant la pédagogie constructiviste dont la nocivité n’est plus discutable, et en imposant les pédagogies explicites, progressives, structurées et répétitives.
« Expérimentés »  « Une prime« . Le terme Expérimenté veut-il dire « ayant 3 ans d’ancienneté », ou bien « avoir prouvé leur capacité à transmettre le savoir aux élèves » ?
La prime est-elle un lot de consolation  pour ceux qui auront été affectés dans une ZEP, ou la reconnaissance de leur efficacité professionnelle ?

Proposition(6). Nous proposons à tous un accompagnement après la classe. Au collège, nous rétablirons les études dirigées après la classe grâce à des bénévoles (étudiants et retraités).
L’idée est bonne. Quid à l’école élémentaire ?
Est-ce une façon cachée d’introduire l’idée de permanence assurée à l’école par roulement des instituteurs ?
Nous sommes opposés à l’appel aux bénévoles pour des fonctions d’enseignement. S’il y a des candidats, et s’ils sont compétents, ils doivent être rémunérés.
Par contre l’appel aux associations et aux bénévoles indépendants nous semble la solution adéquate pour les activités artistiques, manuelles, techniques, sportives, hors du temps scolaire proprement dit.
Des Chefs d’établissement vraiment autonomes, sauraient, pour cela, exploiter au mieux les ressources locales.

Proposition (7). Nous rendrons possible le rétablissement des parcours bilingues au collège, de parcours européens et d’un véritable enseignement du grec et du latin.
C’est bien le moins…

Proposition (8). Nous moderniserons le baccalauréat. Il y aura désormais 4 matières obligatoires à l’examen. Les autres seront validées par un contrôle continu.
Cela, c’est le ravalement de la façade. Mais quid de la reconstruction d’un édifice totalement vermoulu et déconsidéré ? Le baccalauréat général est-il simplement l’attestation de fin d’études, quels que soient les savoirs des candidats ? Est-il toujours destiné à 80 % d’une classe d’âge, ou aux  50 % capables de poursuivre des études supérieures ? Etc.

Proposition (10). Elle se retrouve entièrement dans le chapitre « Bien vivre son travail et inventer de nouvelles protections« .
Nous ferons un effort massif pour l’apprentissage. Nous développerons les périodes de préapprentissage et les filières en alternance dans tous les lycées professionnels (etc.).
En creux, il semble que le candidat n’a rien à proposer pour le préapprentissage à 14 ans et l’enseignement en alternance au collège, questions d’une importance extrême pour les adolescents peu motivés par les études abstraites.

Proposition (11) « Fiers d’être français : exigence et bienveillance.
Nous développerons la connaissance des différentes religions en prévoyant un enseignement spécifique sur le fait religieux.
La loi de 1905 exclut de l’école toutes les religions, auxquelles il faudrait d’ailleurs ajouter les croyances relevant de la philosophie ou de la politique. L’école aurait assez à faire si elle interdisait totalement, en son sein, toutes les expressions de foi religieuse, et si elle enseignait l’histoire en stricte neutralité à l’égard des religions.
On peut mettre n’importe quoi dans « le fait religieux ».

Nota. Comme presque tous les candidats , ces propositions présentent d’énormes lacunes, entre autres :

 –  Omission, certainement volontaire, de toute allusion à l’enseignement privé.
– Rien sur les crèches et les maternelles, qui pourraient jouer un rôle essentiel dans le développement des enfants.
– Rien sur les activités non académiques, essentielles aussi pour les enfants et adolescents.
– Rien sur la nécessaire réforme des examens, qui d’après même le Rapport de la Conférence de Consensus organisée par Vincent Peillon en 2012, sont totalement décrédibilisés, et devraient être coiffés par une instance indépendante.

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