De jeunes européens qui ne savent pas lire. Et nous ?
Pour l’Europe, le taux d’échec a augmenté de 21 % de 2000 à 24 % en 2007. La France, elle, est passée de 15 % d’échec en 2000 à près de 22 % en 2006.
Ces chiffres appellent, selon nous, les réflexions suivantes.
• La question n’est pas uniquement européenne, mais elle affecte l’ensemble du monde occidental. La vague doctrinale – socialisation des enfants, constructivisme – est partie des USA avant 1940, et a été soutenue ensuite par l’UNESCO. La Russie soviétique est restée à l’écart, et a conservé les objectifs de transmission du savoir.
• Les comparaisons entre pays, et notamment le fait que la France soit plus performante que la moyenne, sont peu significatives, en raison d’une part des degrés différents de complexité de la langue et donc de la difficulté d’apprentissage de la lecture, d’autre part des différences énormes dans les moyens et les budgets. La comparaison avec la Roumanie (50 % d’échecs) est sans intérêt pour nous.
• Le fait marquant, c’est la vitesse à laquelle se dégrade la situation en France, qui passe de 15 % en 2000 à près de 22 % en 2006, soit presque 50 % de plus ! Notons que ces 22 % sont bien du même ordre de grandeur que le nombre officiel de 150.000 à 200.000 adolescents quittant chaque année le collège sans diplôme et sans savoir, après plus de 10 ans de scolarité.
Devant cette augmentation massive des échecs, les tenants du statu quo ne manqueraient pas d’invoquer les facteurs sociaux, les élèves "qui ne sont plus les mêmes" et autres raisons exonérant l’Education Nationale de ses responsabilités. Pour nous, l’explication est plus simple. Nous sommes en présence d’une manifestation éclatante de la débâcle de l’école.
Les jeunes qui avaient 15 ans en 2000 sont nés en 1985. Ils ont appris, ou auraient dû apprendre à lire, à l’école primaire autour de 1991, à un moment où la Loi Jospin de 1989 n’avait pas encore produit ses effets (cette loi d’orientation a fait du constructivisme la doctrine officielle de l’Education Nationale et a créé les IUFM).
Les jeunes qui avaient 15 ans en 2006, eux, apprenaient à lire autour de 1997, à une époque où cette loi commençait à produire pleinement ses effets néfastes.
Une école élémentaire à revoir
Ces données montrent que jusqu’à présent, les programmes de l’école primaire ne permettaient pas d’apprendre à lire et écrire à tous. Les choses devraient changer avec la mise en application des programmes 2008.