Les programmes pour l’apprentissage de la langue française
Une caractéristique des programmes 2008 est que certains textes semblent avoir été rédigés dans l’esprit constructiviste, d’autres dans l’esprit d’un enseignement explicite. Le programme de la maternelle ne fait pas exception, comme le montrent quelques exemples.
D’une part :
«l’enfant s’approprie le langage »
« interprétation des termes inconnus à partir de leur contexte »
« les enfants découvrent les usages sociaux de l’écrit »
« à la fin de la maternelle, ils produisent des phrases complexes »
D’autre part :
« l’acquisition du vocabulaire exige des séances spécifiques, des activités régulières de classification, de mémorisation des mots, de réutilisation du vocabulaire »
Les tableaux synoptiques en annexe détaillent des progressions en français pour chacune des trois sections, les rubriques étant :
s’approprier le langage
découvrir l’écrit
se familiariser avec l’écrit
se préparer à apprendre à lire et à écrire
Le paragraphe " se familiariser avec l’écrit", dans lequel on trouve de nombreuses activités orales, comprend, dans les trois sections, un développement consacré aux "supports du texte écrit", qui est, au mieux, une série de leçons de choses, au pire, un entraînement à tenter de deviner ce qu’on ignore.
Tel quel, le programme ne répond pas à l’attente des auteurs du rapport (page 109) :
« La mission insiste aujourd’hui sur ce besoin d’une pédagogie dynamique, d’une progressivité plus grande ; le programme lui-même et des instructions pédagogiques claires devrait le promouvoir plus nettement, en distinguant le statut de la section des grands des sections antérieures »
Dans ce domaine, les propositions de Lire-Ecrire ont été maintes fois exprimées :
– En petite et moyenne section, en matière de langage, l’exclusivité doit être donnée au langage oral : vocabulaire, syntaxe ou construction de phrases simples, prononciation et articulation, discrimination des sons de la langue parlée
et, pour l’écriture, outre les activités d’éveil qui favorisent les aptitudes basiques, la latéralisation, etc., l’entraînement doit porter sur le dessin et les graphismes qui entraînent au geste de l’écrit
– En grande section, la connaissance des lettres et de leur son, la combinatoire, marquent le début du travail qui sera fait en CP ; mais en maternelle il doit se différencier fortement selon le stade d’évolution des élèves, et peut donc être poussé plus ou moins loin.
Mais c’est déjà un enseignement explicite, progressif et répétitif, avec les mêmes impératifs qu’en CP.
Ainsi devrait, selon nous, être établie la différenciation fondamentale entre PS et MS d’une part, GS de l’autre.
Nous avons déjà souligné aussi la nécessité de rapprocher la grande section de maternelle et le CP, et surtout de supprimer le prétendu cycle GS CP CE1.