Comment sommes-nous devenus si cons ?
Alain Bentolila – First Editions – 2014
Alain Bentolila s’émanciperait-il à l’approche de la retraite ? Est-ce lui qui a choisi le titre de son dernier ouvrage ! Il est vrai que le mot, autrefois "gros", aujourd’hui banal, est un bon élément de com’ pour un livre sérieux.
L’ouvrage comporte deux parties : la première nous livre la pensée du linguiste sur le rôle que tient le langage dans notre vie collective. La seconde est centrée sur l’école, dont Alain Bentolila s’est fait une spécialité.
Au travers de la télévision, des médias, d’Internet, Facebook ou Twitter, l’auteur nous amène à réfléchir à l’appauvrissement du langage courant : éviter les sujets difficiles, ne montrer que ce que les lecteurs ou les auditeurs savent déjà. Tout autre chose que "d’écrire explicitement à des gens que l’on ne connait pas (à propos de) choses qu’ils ne savent pas à l’avance", exercice qui impose d’abord de penser, ensuite de rédiger dans des termes choisis.
Des gens instruits peuvent parler deux langages selon les circonstances. Mais, pour les autres, l’avilissement du langage comporte un risque de paralysie de la pensée. De même, la croyance maintenant proclamée par des gens en principe intelligents, que tout le savoir est accessible sur Internet en deux clics de souris, dissuade les naïfs, et spécialement les jeunes, de tout effort de mémorisation.
Les hommes et femmes politiques ne sont pas oubliés. Certes, l’art de parler pour ne rien dire ou de parler pour mentir est aussi vieux que le monde, mais on se demande si aujourd’hui il est possible pour un "politique" dénué d’héroïsme de dire simplement ce qu’il pense. L’auteur nous fournit une analyse fine des procédés les plus courants aujourd’hui pour "communiquer", à défaut d’exprimer une pensée construite et originale.
La seconde moitié de l’ouvrage est consacré à l’école, spécialement à l’apprentissage de la lecture et à la lutte contre l’illettrisme, cette lutte qui ne cessera que lorsque l’Education Nationale cessera elle-même de produire des illettrés et des non-lettrés.
Les titres des chapitres sont parlants : Des années d’errance éducative Ecole, famille, le grand malentendu La capitulation scolaire
Beaucoup d’observations prises sur le vif, de notations éclairantes. Il est dommage que l’auteur tombe lui-même, parfois, dans la caricature et la com’ par exemple lorsqu’il renvoie dos à dos les pédagogistes et les antipédagogistes, accusés d’oublier également, l’intérêt des élèves les plus fragiles.
Selon Alain Bentolila, les antipédagogistes "ignorent superbement la transformation radicale, sociale et culturelle, qu’a connue la population scolaire durant ces dernières années".
Lui-même ignore simplement l’existence d’enseignants qui, malgré des contraintes énormes, s’acharnent à transmettre le savoir. Ni eux ni leurs élèves ne sont des Hibernatus surgis du fond des âges pour communier dans un enseignement explicite, progressif et répétitif.
Pour en savoir plus sur l’auteur, ondoyant personnage, voir notre courte analyse du manuel Gafi le fantôme, en annexe dans notre publication "Méthodes d’apprentissage de la lecture".
Alain Bentolila s’émanciperait-il à l’approche de la retraite ? Est-ce lui qui a choisi le titre de son dernier ouvrage ! Il est vrai que le mot, autrefois "gros", aujourd’hui banal, est un bon élément de com’ pour un livre sérieux.
L’ouvrage comporte deux parties : la première nous livre la pensée du linguiste sur le rôle que tient le langage dans notre vie collective. La seconde est centrée sur l’école, dont Alain Bentolila s’est fait une spécialité.
Au travers de la télévision, des médias, d’Internet, Facebook ou Twitter, l’auteur nous amène à réfléchir à l’appauvrissement du langage courant : éviter les sujets difficiles, ne montrer que ce que les lecteurs ou les auditeurs savent déjà. Tout autre chose que "d’écrire explicitement à des gens que l’on ne connait pas (à propos de) choses qu’ils ne savent pas à l’avance", exercice qui impose d’abord de penser, ensuite de rédiger dans des termes choisis.
Des gens instruits peuvent parler deux langages selon les circonstances. Mais, pour les autres, l’avilissement du langage comporte un risque de paralysie de la pensée. De même, la croyance maintenant proclamée par des gens en principe intelligents, que tout le savoir est accessible sur Internet en deux clics de souris, dissuade les naïfs, et spécialement les jeunes, de tout effort de mémorisation.
Les hommes et femmes politiques ne sont pas oubliés. Certes, l’art de parler pour ne rien dire ou de parler pour mentir est aussi vieux que le monde, mais on se demande si aujourd’hui il est possible pour un "politique" dénué d’héroïsme de dire simplement ce qu’il pense. L’auteur nous fournit une analyse fine des procédés les plus courants aujourd’hui pour "communiquer", à défaut d’exprimer une pensée construite et originale.
La seconde moitié de l’ouvrage est consacré à l’école, spécialement à l’apprentissage de la lecture et à la lutte contre l’illettrisme, cette lutte qui ne cessera que lorsque l’Education Nationale cessera elle-même de produire des illettrés et des non-lettrés.
Les titres des chapitres sont parlants : Des années d’errance éducative Ecole, famille, le grand malentendu La capitulation scolaire
Beaucoup d’observations prises sur le vif, de notations éclairantes. Il est dommage que l’auteur tombe lui-même, parfois, dans la caricature et la com’ par exemple lorsqu’il renvoie dos à dos les pédagogistes et les antipédagogistes, accusés d’oublier également, l’intérêt des élèves les plus fragiles.
Selon Alain Bentolila, les antipédagogistes "ignorent superbement la transformation radicale, sociale et culturelle, qu’a connue la population scolaire durant ces dernières années".
Lui-même ignore simplement l’existence d’enseignants qui, malgré des contraintes énormes, s’acharnent à transmettre le savoir. Ni eux ni leurs élèves ne sont des Hibernatus surgis du fond des âges pour communier dans un enseignement explicite, progressif et répétitif.
Pour en savoir plus sur l’auteur, ondoyant personnage, voir notre courte analyse du manuel Gafi le fantôme, en annexe dans notre publication "Méthodes d’apprentissage de la lecture".
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