Lire-Ecrire a choisi de s’en tenir au domaine de la scolarité obligatoire : écoles et collèges, ainsi que maternelle.
Si nous évoquons l’enseignement supérieur, c’est uniquement en relation avec les premiers degrés de notre système d’enseignement.
Cela fait quelques années que nos amis professeurs en CPGE (Classes Préparatoires aux Grandes  Ecoles) ou en Faculté nous parlent de l’obligation qu’ils ont, chaque année, d’exclure de leur enseignement un nouveau pan du savoir, parce que leurs élèves n’ont plus les bases élémentaires indispensables.

Voici comment Bertrand Rungaldier, professeur en CPGE, décrit certains de ses élèves :
 
–  » Une véritable incapacité pathologique à raisonner » (car un raisonnement s’exprime en français courant, dont seule la maîtrise permet de manipuler des notions abstraites et complexes NDLR)
 
– « On le constate dès la première année, où les élèves… restent secs devant un énoncé qui ne reprend pas quelque chose répertorié 20 fois en classe et dont on a appris par coeur la façon de procéder… Le « je ne sais pas faire » signifie en fait « je ne reconnais pas un énoncé déjà vu » »
 
Rappelons qu’il s’agit d’élèves sélectionnés sur leurs performances en maths.
 
• Quelques extraits d’une interview de Sylvie Bonnet, récemment élue présidente de l’UPS, Union des Professeurs de Spéciales (le Figaro du 17 juin 2013)
 
–  » Baisse des performances moyennes en mathématiques, mais les performances des meilleurs sont préservées alors que le nombre d’élèves en difficulté augmente » (mêmes conclusions que l’enquête internationale PISA qui se situe à un niveau d’études beaucoup plus modeste).
 
–  » Je commence à observer une difficulté à faire des phrases longues, à aller jusqu’au bout des énoncés. (Or)…les performances en mathématiques sont largement liées à la compréhension de l’écrit « .
 
–  » La baisse du niveau… remonte à l’école primaire, où s’installe (où devrait s’installer NDLR) les compétences en calcul… Elle est liée à une baisse du niveau dans la formation des maîtres « .
 
–  » Une génération qui a tendance à zapper  » (à papillonner au lieu de creuser).
 

Des faits aux causes.

Ce que rapportent ces deux professeurs, comme beaucoup d’autres, ce sont des faits. Quelques hypothèses simples permettent de remonter aux causes.

– N’y a-t-il pas un rapport évident entre ces étudiants incapables de construire des phrases longues, et ces élèves français de CM, que l’enquête internationale PIRLS classe fort mal, et encore plus mal lorsqu’on leur demande de formuler en quelques lignes une réponse structurée ?

– N’y a-t-il pas un rapport évident entre ces étudiants qui ne vont pas jusqu’au bout des énoncés, et les pédagogies globales (qui n’affectent pas que l’apprentissage de la lecture), gratifiant l’à peu près, la simplification abusive, tendance encore accentuée aujourd’hui par l’excès du « numérique » chez les enfants et les adolescents ?

Tout ceci ne s’applique pas aux élèves exceptionnels capables de rejoindre l’élite mondiale des vrais mathématiciens, ceux qui font avancer les mathématiques, car, comme l’affirme Cédric Villani, leur formation ne dépend pas de la scolarité commune.
Lui aussi remarque que le niveau exigé des lycéens est très inférieur à celui exigé il y a 10 ans.
« On a en France un déficit de formation de scientifiques et d’ingénieurs alors qu’on en a plus besoin que jamais »

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