2.2 Mixité sociale

2.2 – Mixité sociale et carte scolaire.

D’une façon générale, deux types de mixités différentes font l’objet de confusions constantes.
La première est la mixité sociale, qui est une exigence républicaine. Pour l’établir, au moins partiellement, il faut affaiblir les forces spontanées qui poussent à la ségrégation et au communautarisme. Au-delà de l’idéal républicain, nous pensons que la mixité sociale est un facteur de dynamisme et d’innovation.
Le constat actuel est un fort déficit de mixité sociale qui non seulement affaiblit les moins armés, mais prive la collectivité de talents et d’énergies.
La seconde notion ne concerne que l’enseignement : elle oppose l’homogénéité à l’hétérogénéité des niveaux de savoir dans les groupes d’élèves, établissements ou classes.
Actuellement, par suite de l’incapacité de l’Education Nationale à traiter les élèves selon leurs besoins réels, on observe une forte corrélation entre le niveau social et le niveau d’instruction des élèves.
Il est tentant de déduire de cette corrélation une relation de cause à effet, et de décider que l’échec scolaire trouve son origine dans la structure sociale. (Par ailleurs l’Education Nationale tend à diffuser actuellement l’argument que, de toutes façons, 20 pour 100 des élèves ne pourront jamais apprendre à lire et à écrire).
Cette façon de voir les choses est proprement scandaleuse. Pour notre part, et il en est certainement de même pour le HCI, nous professons que les enfants naissant dans des milieux pauvres économiquement et culturellement ont les mêmes aptitudes que les autres, le même potentiel en prix Nobel, par exemple. Encore faut-il qu’ils bénéficient, le plus tôt possible, d’une discrimination positive pour leur permettre de combler au moins en partie leur retard sur les autres, principalement en expression française. Le HCI insiste d’ailleurs, à juste titre, sur ce que pourrait et devrait faire la maternelle à cet égard.
La confusion entre mixité sociale et mixité des niveaux de savoir fait qu’un certain nombre d’experts et d’enseignants veulent maintenir des classes très hétérogènes en niveau de savoir, pensant ainsi obtenir la mixité sociale. Or une trop grande hétérogénéité des savoirs rend le travail des enseignants impossible, au détriment souvent des plus faibles, et parfois aussi des plus avancés. Par contre on ne pourra jamais prouver que des classes homogènes en niveau de savoir, mais hétérogènes socialement, seraient impossibles à mener.

Pour nous, la raison d’être de la scolarité obligatoire est de faire disparaître ou d’estomper fortement les disparités sociales, tout en créant inévitablement de fortes disparités dans les savoirs.

La carte scolaire, la sectorisation, avait en principe pour but d’assurer à chaque établissement une mixité sociale conforme à celle de son secteur géographique.
Le comportement des parents avertis et dotés de moyens d’action, au premier rang desquels les enseignants, a conduit à accroître fortement la ségrégation dans les zones sensibles. De ce mal aurait pu résulter un bien, à condition de placer dans ces établissements des enseignants spécialement formés, expérimentés, volontaires, et surtout d’abandonner le dogme égalitariste qui, sur le papier, impose à tous de même enseignement (mêmes programmes, mêmes méthodes).
Aujourd’hui, la libération partielle de la carte scolaire conduit logiquement des parents de ces zones sensibles à changer leurs enfants d’établissement. Ces parents n’étaient pas « avertis » à l’avance, mais ils ont été instruits par l’expérience. Ce phénomène est banal : lorsque l’on déçoit son public, on perd son audience ou sa clientèle.
Certains s’en offusquent, comme la Cour des Comptes. Le HCE, repris par le HCI (recommandation page 119) propose l’application de la « pédagogie différenciée » qui consisterait à enseigner différemment les mêmes savoirs à tous les élèves d’une classe, quel que soit leur niveau : c’est une pure utopie.

Devant la fuite des élèves, que peut-on faire ? On peut certes fermer l’établissement – ce que n’exclut pas le HCI – ou le « délocaliser » vers des zones non sensibles, ce qui est possible pour les collèges.
Mais, auparavant, la réaction devrait être de nommer des chefs d’établissement responsables, de leur permettre de constituer une véritable  équipe enseignante, enfin de leur laisser toute latitude quant aux mesures à prendre  pour obtenir des résultats positifs.
Sans aller jusque-là, la mesure la plus simple serait de créer dans ces établissements des classes de niveau, beaucoup plus efficaces et simples pour les enseignants, ou des groupes de niveaux dans les deux matières fondamentales, français et mathématiques, matières pour lesquelles la progressivité de l’enseignement est un impératif absolu.
Les parents inquiets constateraient alors que tous les élèves ont des chances réelles de s’instruire, quel que soit leur niveau actuel, et la fuite des élèves serait enrayée.

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